En février 2016, j’ai repoussé des barrières… et ce, grâce à des mots. Ils auraient pu sortir de ma bouche, une voie commune me direz-vous. Mais que nenni. Ceux-ci sont bien sortis de pages, de ces papiers que j’aime tant humer.
- La barrière de la prose :
Tout à commencer comme cela commence bien souvent avec moi :
- La Fnac,
- une couverture aguicheuse,
- et … ma CB !!
C’est ainsi que j’ai rencontré « La couleur du lait », de Nell Leyshon. Peut être sont-ce les racines normandes du côté maternel qui m’ont fait connecter à cette magnifique couverture. Ce n’en fut pas moins une invitation à une révélation, jusqu’aux derniers mots, qui te laissent dans l’attente d’un ailleurs pour le personnage. Ce fut une merveille de poésie qui nous dérange, tout comme elle nous enchante.
Sous la forme d’un journal intime saisonnier, la plume de l’auteur se soustrait à celle du personnage, vibrante de sincérité.
Mais je dois bien l’avouer, cet ouvrage a quelque peu désarçonné la lectrice et ancienne fanatique de dictée que je suis. C’est assez déroutant de se retrouver sans aucune présence de majuscule pour commencer les phrases, ni même de marques du dialogue. Tout ce qu’on t’assène depuis que tu es sur une table d’écolier a servi à former ton esprit, à repérer les premiers méandres de la langue française, même des langues en général (car l’auteure est anglaise). Et là, comme ça, une immense claque te fait prendre conscience que OUI, quand tu écris, tu peux te permettre de prendre des risques. Tu peux jouer avec cette langue, tout en la respectant infiniment. Et c’est grâce à ce qui est vraiment pour moi un acte de bravoure de l’auteur, que ce roman est si immersif. On oublie bien vite que l’histoire a été créé… l’a-t-on même pensé un jour ?
Bon ok ! J’avoue, j’ai corrigé quelques fautes de grammaire ou d’orthographe dans ma tête en lisant, mais on ne se refait pas :).
La surprise digérée, (Warning => le papier, dans sa composition première, peut causer des maux d’estomacs si ingéré par l’œsophage) la vérité qui se dégage de ses mots est touchante. Et par, « ses mots », j’entends ceux de Mary, le personnage et narrateur du livre. Elle n’a aucun intérêt à nous mentir et ça, elle nous le fait bien comprendre. Son arrachement à sa ferme natale, puis, son arrivée dans la vie du révérend et de sa femme malade, forment le chamboulement de sa vie. La construction du récit sur une année, et les occurrences au présent de l’écriture, nous permettent de comprendre ce qui va l’impacter à jamais. L’auteur nous envoie finalement un message très clair sur le pouvoir de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Plus encore, que dénuder son texte de tous les codes prédéfinis n’est pas un parjure et rend le message de Mary d’autant plus direct et poignant. Car, sans cet apprentissage, elle n’aurait pu nous délivrer sa vérité.
- La barrière de l’imagination :
L’imagination, cette douce amie que j’aime retrouver à mes côtés quand bon me chante. Je me l’imagine comme une partition de musique soufflée par un oisillon au chant sibyllin. Beaucoup de personnes ne se pensent pas dotées d’imagination. Pourtant, elle peut démarrer d’un simple « Et si… ». Pour ma part, j’ai toujours été fascinée par le travail des auteurs de tout genre, mais surtout de ceux de fantasy, science-fiction. Car oui, ils construisent des mondes sortis de nulle autre part que leur boite crânienne. G RR Martin ne fait pas exception, et c’est sa précision et le foisonnement de ses différentes œuvres qui me poussent à l’admiration de sa plume. Il le dit lui-même, il se documente énormément pour écrire ses mondes. Mais comment dire que son oisillon à lui, est carrément prolifique en symphonies fantastiques.
Ici, je ne vous parlerai pas de GOT, mais bien de l’Agonie de la lumière, une de ses premières œuvres éditées. Ce one-shot dans l’espace m’a bluffé sur la multitude de détails de ce monde si proche des codes du notre et pourtant si novateur. Non mais le mec s’est assis et nous a réinventé un système solaire, RIEN QUE CA ! Il va même jusqu’à nous révéler l’Histoire de certaines de ces planètes et leur mythologie respective. Et si ce n’était que cela, mais tout un éco-système nous y est décrit. Visuellement, ce livre est détonnant. Je vous invite à fermer les yeux (non… pas maintenant -__-) au détour des différentes descriptions (allez, je t’ai vu fermer les yeux, je ne t’en veux pas va ^^). Le résultat est époustoufflant. Ce qui au départ est issu du cerveau de Mr Martin (qu’on aimerait bien aller visiter oh oui =) ), devient une œuvre de partage. Il nous donne la clé permettant à notre imagination de travailler à son tour et de décrypter un monde éclectique et fantastique. Honnêtement, ce livre a été pour moi du même ordre de choc visuel qu’a été la projection d’Avatar sur grand écran. Plus encore que son histoire, c’est vraiment l’univers qui fait la force de cet ouvrage.
- La barrière de l’esprit, de la science, de la conscience, de la vie : oui oui rien que ça !!
Enfin, c’est une barrière assez unique qui a été poussé par Avant toi de Jojo Moyes. Je savais que le sujet du livre était controversé de par sa dimension émotionnelle. Aware du potentiel chialade de l’histoire, je me suis immergée dans la vie de Lou et Will, leurs luttes respectives à donner un sens à leurs vies. Et puis arrive bien vite cette réalisation du lecteur, ce moment où tu te dis… Ok… ce livre va me faire réfléchir sur quelque chose de délicat. Pourtant, le sujet de la fin de vie assistée ou euthanasie n’est pas nouveau. On y est exposé de temps à autres dans les unes de presses, et souvent, nous n’avons qu’un aspect de l’opinion, de l’histoire. L’auteur, ici, ne se veut pas moralisatrice, elle ne nous sert pas un avis sur un plateau, mais plus un panel de personnages confrontés à cette décision. La problématique s’insère dans cette quête et dans la relation qui se construit entre les deux personnages principaux, les deux familles. Au final, on ne nous demande pas de prendre position, de dire OUI ou NON ; On nous laisse une porte ouverte vers une réflexion. J’en ressors éclairée, certes, voir chamboulée. Mais plus encore, avec une liberté de conscience et de mots.
Après toutes ces belles pensées, il est venu le temps de vous quitter. Je pense refaire ce genre d’article, où seront présenter plusieurs ouvrages sous une lumière différente, un angle bien choisi.
En attendant, de belles lectures à vous !!
AccioGeekette.